Lyon

La Métropole de Lyon Veut Plus de Taxis : Les Professionnels Divisés

9 avr. 2024

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Faut-il augmenter le nombre de taxis à Lyon et dans la métropole ? Depuis plusieurs mois, cette question fait débat. L'annonce par le Grand Lyon de la création de 150 nouvelles licences de taxis en 2025 a provoqué une levée de boucliers parmi de nombreux professionnels, craignant une concurrence accrue. Quelques chauffeurs, cependant, soutiennent le projet, y voyant une opportunité d'améliorer l'image des taxis.

Tout a commencé en 2022, lorsque plusieurs taxis lyonnais ont sollicité une augmentation des licences. Après la baisse d'activité due au Covid, le volume de courses augmentait à nouveau, tandis que le nombre de chauffeurs restait insuffisant, selon la centrale d'appel des Taxis lyonnais. Face à cette situation, plusieurs chauffeurs et la compagnie de taxis ont demandé l'aide de la métropole. Soucieuse de répondre à la demande de mobilité et de réduire l'utilisation de voitures individuelles, la métropole a commandé une étude au bureau de recherche 6-t, spécialisé dans les pratiques de mobilité.

Plus de Licences pour Répondre à la Demande Croissante

Après huit mois de recherche, le bureau a conclu que les besoins en taxis augmenteraient d'environ 2,6% par an, en raison de la croissance de la population, de la dynamique touristique et de l'augmentation des courses médicales. Pour répondre à ces besoins, il a été jugé nécessaire de développer la flotte de taxis par la création de nouvelles licences « Thévenoud », du nom de la loi de 2014 destinée à limiter la spéculation sur les licences de taxis, dont la revente peut atteindre 200.000 € à Lyon.

Le Grand Lyon a suivi cette recommandation et annoncé début avril son intention de créer 150 nouvelles autorisations de stationnement (ADS) à partir de janvier 2025. Selon Jean-Charles Kohlhaas, vice-président en charge des déplacements et de l'intermodalité, "nous estimons qu'il y a besoin de plus de licences de taxi car nous pensons que, comme dans toutes les mobilités, c'est l'offre qui crée la demande et qu'aujourd'hui, nous sommes dans un système dysfonctionnel, même dans une impasse".

Bien qu'il admette que ces nouvelles licences ne résoudront pas tous les problèmes, elles contribueront selon lui "à sauver cette profession", notamment face à la concurrence des VTC (Voitures de Transport avec Chauffeur), plus nombreux que les taxis dans la métropole de Lyon. Les VTC seraient entre 2000 et 5000, tandis que les taxis licenciés ne sont que 1375 dans l'agglomération.

Les Syndicats de Taxis Opposés au Projet

Cependant, cet argument ne convainc pas les principaux syndicats de taxis. Bien qu'ils aient choisi de ne pas s'exprimer publiquement pour éviter de détériorer leurs relations avec la métropole, ils ont confié à RCF et lors d'une conférence de presse leur opposition à cette augmentation du nombre de licences. Selon eux, cela pourrait créer une concurrence accrue alors que le travail manque déjà. "Je veux bien, mais il faut savoir que notre marché devient de plus en plus difficile", explique Mohammed Berkane, taxi propriétaire à Lyon. Le Covid, le télétravail et l'inflation ont changé les habitudes et les clients se font rares, selon lui.

Un Syndicat Favorable aux Nouvelles Licences

En revanche, la Lutte syndicale des taxis (LST) ne partage pas cet avis. Créé en mars 2022, ce syndicat, qui représente plus de 200 membres dans la métropole, défend notamment les locataires de taxis, ceux qui ne peuvent pas acheter de licence et paient un loyer mensuel pour exercer. Documents à l'appui, son président Yacine Grici affirme qu'il y a suffisamment de travail, notamment grâce à l'augmentation de la fréquentation de l'aéroport et des gares lyonnaises. "Les taxis existants ne suffisent pas à répondre à la demande actuelle. La demande va croître, et l'offre ne sera pas à la hauteur", déplore-t-il.

Yacine Grici et son vice-président, Saïd Djili, assurent qu'il y a un véritable "retour de la clientèle vers les taxis" et que le nombre de diplômés souhaitant exercer est supérieur au nombre de licences disponibles. "Depuis 1995, aucune licence n'a été délivrée. N'aurait-il pas fallu en délivrer un peu entre temps ?", s'interroge Saïd Djili. Il est convaincu que les 150 nouvelles licences ne créeront pas de concurrence supplémentaire pour les taxis existants car "sur les 59 communes qui recevront des licences, seulement 26 auront le droit d'aller à la gare […] donc une bonne partie sera hors zone et ne pourra pas concurrencer ceux qui travaillent à la gare".

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